Le monde (5 décembre 1991)
Taches de pourpre
"Je peins pour dans trente ans", répondait Adolphe Monticelli à ceux qu'effarait sa manière de dissoudre en touches et taches de pourpre ocre et indigo, paysages provençaux et scènes galantes. Tente ans, ce n'était pas compter assez large. Cézanne eut beau professer pour lui une admiration sans réserve et Van Gogh se réclamer de lui, Monticelli a longuement souffert d'avoir peu exposé dans les Salons parisiens et beaucoup à Marseille et de ne pouvoir se loger dans une des catégories où l'histoire aime à cantonner ses contemporains.
Il ne fut ni réaliste, ni impressionniste, ni symboliste, mais l'héritier anachronique de Fragonnard et le précurseur des expressionnistes. Aussi méritait-il une belle monographie à la mesure de sa singularité. C'est chose faite.
Monticelli, de Charles et Mario Garibaldi, Skira, 220 pages, 169 ill., 800F.
Le Monde - 5 décembre 1991 (Page 10)